Ô je vous aime



Peut-être suis-je seul avec ma blessure
Et mon sang qui écrit
Peut-être suis-je loin de vous
De ce visage dont j’existe
Et de ces mains ravies à l’écume des astres
Et de ce corps si pur et sans baiser
Peut-être
Et j’envie votre chambre
Qui peut vous voir sans cesse
Cette table ces livres et la couleur du mur
Et la fenêtre où le visage du soir écrase sa noirceur
Et l’eau qui coule entre vos doigts
Sans souvenirs ni pensée.

Ô je vous aime
Ma solitude crie à travers ce papier
Comme dans le château
La voix du prince vers la belle endormie.

Ô je vous aime
Ma solitude crie et tend ses mains lointaines
À tâtons vers vos mains
Je ne veux plus de ce poème
Ni du mensonge de mon rêve
Mais le pain de vos lèvres
Mais le vin de vos yeux
Mais l’air de votre souffle.

Alain Borne in Poèmes à Lislei (Ed. Seghers 1946)

Photo © melodie_mcdaniel-patti-smith

Commentaires

Articles les plus consultés