Solitude



Une femme chaque nuit
Voyage en grand secret

Villages de la lassitude
Où les filles ont les bras nus
Comme des jets d'eau
La jeunesse grandit en elles
Et rit sur la pointe des pieds

Villages de la lassitude
Où tous les êtres sont pareils

Pour voir les yeux où l'on s'enferme
Et les rires où l'on prend place

Je veux t'embrasser je t'embrasse
Je veux te quitter tu m'ennuies
Mais aux limites de nos forces
Tu revêts une armure plus dangereuse qu'une arme

Le corps et les honneurs profanes
Incroyable conspiration
Des angles doux comme des ailes

Mais la main qui me caresse
C'est mon rire qui l'ouvre
C'est ma gorge qui la retient
Qui la supprime.

Incroyable conspiration
Des découvertes et des surprises

Fantôme de ta nudité
Fantôme enfant de ta simplicité
Dompteur puéril sommeil charnel
De libertés imaginaires.

Paul Eluard
Photo © oleg birioukov 

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